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Libération

SPECIAL WEB. RUGBY. COUPE DU MONDE 1999. Derrière le pilier. Faire plier le bois d'érable. C'était une mêlée pour les Canadiens. Mais les Français se sont réveillés.

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publié le 4 octobre 1999 à 1h01

Serge Simon, pilier de l'équipe anglaise

de Gloucester, raconte la Coupe du monde pour «Libération».

Soixantième minute, le match est ni dans le zig ni dans le zag. On sent bien que l'on s'achemine vers l'une de ses victoires qui aura posé plus de questions qu'elle a apporté de réponses. Du bon, du moins bon, du carrément dégueu. Un rugby variable quoi. Puis une mêlée. Oh, une mêlée ordinaire, pas une au beurre. Si ce n'est qu'elle est à cinq mètres de la ligne des bûcherons canadiens. Tout le monde se file en position. Les dos aux allures de commodes Louis XVI. Les bras en vérins, les cous tendus, les mâchoires serrées et les respirations bloquées avant l'effort. La rogne est pour nous. Le travail commence. Cali [Califano, ndlr] dépose son pilier mais Tournaire est bloqué dans les starting-blocks.

La mêloche part en crabe, Juillet, bon navigateur et sentant la marée, tente une solitaire. Mais la météo n'est pas bonne et le ref' siffle une nouvelle mêlée, cette fois-ci pour les Rouges. Tous les gros se refilent en position. On sent qu'ils ont quelque chose à faire, qu'ils ont leur mot à dire dans ce putain de jeu. Alors le petit neuf en rouge, fragile comme une feuille d'érable mais beaucoup plus futé qu'un tronc, introduit la balle. Et là, les gros parlent. Ils hurlent. Ils hurlent avec leur nez en pied de chaise, leurs oreilles en chou, leur cou et leurs couilles de taureau. Cali et Tournaire, telles deux vis à bois, s'enfoncent dans l'érable. Les dos canadiens se mettent aux