Lézignan-Corbières, envoyé spécial.
De Béziers à Cardiff par la route, visite des lieux, des personnages et des époques qui font le sel du rugby.
Lézignan, à l'heure du marché, lézarde au soleil d'octobre préfigurant l'été indien. Ici, les femmes sont belles, et, art de la percussion oblige, les hommes, quand ils déambulent, rentrent les épaules et roulent les «r». La commune attend avec sérénité la prestation prochaine de Johnny Halloway, clone de l'idole, dont l'affiche précise qu'il chantera «en direct». C'est son intérêt, l'indigène n'appréciant guère le mode karaoké. Et à Lézignan on se flatte de cultiver l'authenticité. Ainsi, le Football-club lézignanais s'apprête-t-il à fêter le centenaire d'une équipe née en 1901, et qui a commencé par faire bonne figure dans le monde du rugby à XV, pour rallier la cause treiziste juste avant le début du second conflit mondial. Depuis cette époque, l'inexpugnable bastion du XIII doit sa réputation à sa production vinicole, mais aussi à ce jeu qui «déchaîne les passions et ne laisse personne indifférent», pour reprendre une formule de Marc Lauvernier, vice-président du club. D'ailleurs, les légendes sur la pugnacité locale sont légion. Du pittoresque chef de gare accueillant systématiquement le train de l'adversité d'un tonitruant «Lézignan-la-matraque, tout le monde descend!» à ce cabanon où l'on avait disposé un squelette et que l'on faisait visiter aux arbitres avant le match en leur disant: «Voilà ce qu'il reste de votre dernier