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RUGBY. COUPE DU MONDE 1999. Le jeu canadien en conditions extrêmes Entre hivers glaciaux et canicules, les joueurs ont développé un rugby physique.

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publié le 13 octobre 1999 à 0h58

Montréal de notre correspondant

Les Inuit les appellent umingmak. Littéralement «ceux qui ont des poils». Ce sont les boeufs musqués de l'Arctique. Sans hâte, en roulant des épaules, ils flânent à travers la toundra. Parfois, ils accrochent du sabot un gros caillou. Coup de pied à suivre. Sur le même modèle, mais plus au Sud, une trentaine de gaillards ont commencé dès 1876 à s'agiter sur le gazon de la banlieue ouest de Montréal. Il fondent à l'époque un club ­ très fermé ­ de football-rugby qu'ils nomment fièrement le Scottish Club de Westmount. C'est le premier du genre en Amérique du Nord. Comme on ne peut jouer éternellement en stade clos, ses membres se frottent bientôt aux équipes de Ville Mont-Royal (très british cité limitrophe construite par une compagnie de chemin de fer) et de Montréal-ouest. Cependant, même s'il s'agit de l'authentique rugby, la greffe ne prend pas. Les équipes font des tournées en Europe, reviennent en «terre de Caïn», mais n'arrivent pas à s'y rendre populaires.

50 000 adeptes. C'est un fait: si en Nouvelle-Zélande le rugby s'est enraciné dès la conquête britannique, au Canada il n'a jamais vraiment quitté les valises du colonisateur. Et jusqu'à très récemment il n'a été pratiqué que par des joueurs majoritairement de passage ou" importés. Ainsi en 1957, Desmond O'Neill, un comptable irlandais ­ que l'on a incidemment enterré le mois dernier ­ , fonde avec quelques amis le Montreal Irish Rugby Football Club et draine dans ses rangs les membres