Le rugby écossais souffre, abandonné par ses disciples, confiné dans
un vivier que le professionnalisme a tué dans l'oeuf. Les victoires de son équipe nationale ne convainquent plus les 40 000 licenciés que compte le pays. Les quatre provinces (Borders, Edimbourg, Glasgow et Calédonie) déjà pauvres en joueurs comparées au voisin anglais ou au réservoir français (400 000 en Angleterre et 200 000 en France), n'alimentent plus qu'un minuscule championnat, depuis que la plupart des joueurs, jadis capitaines de coeur d'une armée jugée redoutable, ont choisi l'exil de l'autre côté du mur d'Hadrien. Les descendants directs des Pictes, ce peuple que même les Romains n'avaient pas réussi à dompter, jouent désormais à Londres, à Newcastle; en France ou au Japon. L'avènement du rugby pro a pillé ce petit patrimoine et terni l'image d'une équipe surtout façonnée pour disputer la Calcutta Cup, traditionnel match contre les Anglais et match symbole du Tournoi des cinq nations. Un match génèse où la défaite est synonyme d'humiliation. Un enjeu qui fait défaut à l'heure de la Coupe du monde, lorsque les adversaires sont l'Afrique du Sud, l'Espagne ou l'Uruguay, et qui vide les stades.
Exil. Mais depuis que l'Ovalie a renié l'amateurisme, qui lui inculquait toute sa culture, la désertion est encore plus forte. Le championnat national a perdu de sa superbe. Glasgow Caledonians et Edinburgh Reivers, les deux équipes phares, ont été absorbés temporairement par le championnat gallois. Et l'équipe