Vannes envoyé spécial
Dix-neuf heures, un vendredi comme les autres au stade Jo Courtel, ainsi baptisé en hommage à l'un des premiers présidents du Rugby-Club vannetais. Les voitures se garent en épi sur le parking du club-house, l'un de ces préfabriqués à usage scolaire chaleureusement recyclé, et, une fois changés, les joueurs locaux trottinent vers les deux terrains du fond («la plus belle pelouse de l'Ouest» n'étant utilisée que pour les matchs), afin de s'entraîner, sous une pluie capricieuse et glacée. D'ailleurs, les vétérans, emmenés par le populaire «Bébé rose», ont préféré écourter (voire annuler purement et simplement) leur propre décrassage, histoire d'aller plutôt vider quelques godets au bar, en attendant l'heure du repas collectif hebdomadaire.
Trois fois par semaine, les rugbymen de Vannes sacrifient au même cérémonial. «C'est beaucoup pour des amateurs, reconnaît volontiers Patrick Le Martelot, ancien ouvreur («ou arrière») devenu coprésident des Bleu et Blanc, mais nous ne pouvons pas évoluer au niveau qui est le nôtre sans nous entraîner de la sorte.»
Car Vannes, «perle du rugby du grand bassin», comme l'on dit dans la région, tient fièrement sa place en Nationale 2, «cadrant-débordant», ainsi cet axiome absurde qui voudrait que le Breton, footeux naturel, soit désespérément rétif au maniement du ballon ovale. «Faux, assure Patrick Le Martelot, c'est un discours de Parisiens et de gens du Sud-Ouest. Il est certain qu'ici c'est le pays du football et du vélo.