Melbourne, correspondance
Campo a la rage. «Money, money, money», s'énerve l'ailier légendaire des Wallabies. Après 20 ans de rugby, trois Coupes du monde, dont une victorieuse (1991), le record d'essais marqués en matchs internationaux (64) et le record de sélections australiennes (101), David Campese, 37 ans, a raccroché ses crampons cette année. Pour se consacrer à ses affaires. La Coupe 99, il y assiste comme commentateur. Mais, assure-t-il, il aime autant ne pas jouer. Il résume: «1991 fut la coupe des essais et des joueurs excitants. 1995, celle des arbitres et des pénalités. 1999, on n'attend pas grand-chose; le jeu est devenu chiant, pour les joueurs et les spectateurs; il n'y a plus de "flair (de spontanéité, de style). La raison: le fric, le fric, le fric.» Le professionnalisme.
Paranos. Campo ne remet pas en cause la professionnalisation, mais ses dérives. «Cela a changé l'attitude des joueurs, des coaches, des administrateurs, dit-il. Avant, nous nous amusions; maintenant, c'est un boulot. Les coaches sont devenus paranos. Ils ont la pression des fédérations, des sponsors. Ils fabriquent des équipes avec une stratégie: ne pas perdre. Ils ne veulent pas risquer de se faire virer.» Résultat: «Le jeu a changé, il est devenu défensif, avec très peu d'essais, pas d'imagination. Nous marquions plus d'essais que de pénalités, maintenant, c'est le contraire. Les coaches veulent des défenseurs solides qui ne font pas d'erreurs en attaque; ils forment des robots, qui oublien