Un petit homme à peine plus grand qu'un enfant et à peine plus lourd que son cartable a pris la balle sous son bras et a couru simplement pour offrir à ses camarades un essai de cinquante mètres. Pour cela et sans se départir de son innocence, il envoûta quelques dieux vivants tout noirs qui agonisaient çà et là sur le pré comme de vieilles carpes sorties de l'eau. Christophe Dominici est l'enfant par qui la grâce a touché la France. Une grâce qui, plus que tombée du ciel, a jailli des tripes de ces vingt types en bleu. Tout bleu. Maillot et âme compris. Les tout noirs, maillot et jeu en berne, nous ont pris pour des cons. Le rugby leur a rappelé que la question du pourcentage entre physique et mental n'est pas tranchée dans notre sport. Les Blacks sont entrés sur le terrain en pensant qu'ils allaient nous donner une leçon. Le rugby leur a envoyé le petit Dominici. Il donna le signal de la révolte. Et toute sa classe se leva, jeta une boulette, puis deux, puis les affaires, puis les tables à la gueule de ces professeurs indignes.
Ce match de rugby est historique. Pour les joueurs qui s'en souviendront toute leur vie. Pour le rugby français qui atteint la finale de la plus prestigieuse compétition, du monde contre toute attente.Mais aussi pour le rugby en général. Les Bleus et Dominici en on fait une affaire. Car il y aura désormais une affaire Dominici dans le rugby mondial, qui doit ici stopper sa tranquille et aveugle migration vers les kilos et les centimètres du Sud. Les