Auckland, correspondance.
C'est à mi-chemin entre un deuil et une colossale gueule de bois. Une de ces épreuves de la vie dont on ne peut se relever sur un simple coup de reins, en tournant la tête pour mieux voir ailleurs. Ça empêche la cervelle de fonctionner, le regard de se concentrer, ça vous occupe l'esprit en permanence, ça biaise toute l'appréciation. Et quand ce symptôme s'étend à l'échelle d'un pays, c'est assez saisissant.
Drapeau en berne. Il y a ceux qui n'y croient toujours pas et pensent que le cauchemar va bientôt se terminer. Mais ceux-là ont beau se rejouer le match, ils n'en voient que mieux tout ce qui l'a fait basculer. Il y a ceux qui ont, sans délai, mis en berne le drapeau qui flottait si fièrement au bout de leur jardin. Il y a ceux qui tentent d'analyser, car jamais avant le match de dimanche dernier il n'avait été question d'une quelconque faiblesse des Blacks. La seule question s'étalant à la une des journaux était alors: «Qui allons- nous rencontrer en finale?» Les seules analyses concernaient les forces et les faiblesses des équipes adverses.
Il y a ceux qui seraient prêts à étriper le premier Français venu mais se retiennent, ou à peine. Comme cette équipe d'un journal télévisé national qui s'est amusée à faire un clip sur tout ce que les Français ne savent pas faire et dans lequel on voit évidemment passer, entre autres, le Rainbow Warrior, les faux époux Turenge, des grenouilles en train de coasser et des chutes collectives au Tour de France cyc