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RUGBY. COUPE DU MONDE 1999. Blancs, métis et Noirs à demi mêlés.En Afrique du Sud, le monopole des Afrikaners sur le rugby s'effrite.

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publié le 4 novembre 1999 à 1h47

Plettenberg Bay, envoyée spéciale.

Longtemps, ici, les dieux d'Ovalie sont restés exclusivement blancs. Les Afrikaners avaient accaparé jalousement l'amour du rugby, devenu un élément indissociable de leur culture. A Plettenberg Bay, où ils ont préparé leur Coupe du monde, l'hôtel ressemblait d'ailleurs étonnamment au monument des Vortrekker, le temple historique des Afrikaners: un énorme bloc de béton austère et prétentieux ancré sur un rocher qui domine la plage. Sur la terrasse de l'hôtel, les enfants, blonds, venus rencontrer les Springboks, semblaient eux aussi se conformer à cette image traditionnelle. Comme leurs aînés au temps de la ségrégation raciale. Pourtant les temps changent. Et pour célébrer les dieux du stade ce jour-là, les écoliers blancs de la nouvelle Afrique du Sud chantent en xhosa, une des langues africaines du pays si longtemps méprisées par les dirigeants afrikaners du régime raciste.

Remix. L'équipe nationale elle aussi a dû apprendre à chanter pour s'adapter à la nouvelle donne politique. L'ex-hymne national en afrikaans a été remixé avec le célèbre Nkosi Sikeleli Africa (Que Dieu protège l'Afrique) pour former le nouveau chant patriotique, symbole de la réconciliation nationale. «Nous avons eu un professeur particulier pour apprendre les couplets en xhosa», dit Bobby Skinstad, n° 8 des Boks, qui avoue avoir encore un peu de mal à retenir toutes les paroles. «Au début, les entraîneurs ne parlaient qu'afrikaans, ce n'est pas ma langue natale, j'avais