Birmingham, envoyé spéciale.
Dans la vie, elle est systématiquement celle à qui on demande de faire la corvée dont personne ne veut se charger. «Tiens, toi qui est gentille, tu voudrais pas aller me photocopier ça.» A la fac de Bourg-en-Bresse où elle est étudiante en licence de psychologie, elle rougit quand on lui demande un autographe. Mais lorsqu'elle fait son apparition dans la salle de Birmingham (Angleterre), où se déroule jusqu'à dimanche le championnat du monde d'escalade, malgré ses 22 ans, son mètre soixante-deux et ses 44 kilos, le présentateur hausse spécialement le ton: «Et voici Liv Sansoz, la championne du monde en titre.» Elle entre, si petite, si menue, la mâchoire crispée, l'air de marcher à côte de ses pompes à cause des chaussons choisis trop petits pour être sûre d'accrocher des prises minuscules.
«Tranquille». Face à elle, il y a une voie de 25 mètres de hauteur très sérieusement inclinée et avec, à l'oeil nu, peu d'endroits où caser des pieds et faire tenir des mains. Le but du jeu est de grimper le plus haut possible. Avant elle, toutes les candidates des quarts de finale ont lâché à mi-parcours. Pas Liv. Liv passe et on ne comprend pas très bien comment.
A la regarder, ça a l'air facile de se balader à l'envers, de crocheter un pied sur une prise qui, de loin, ressemble à une minuscule tache de couleur. Léger, presque tranquille. En bas de la voie, c'est justement le mot «tranquille» que répète son coach sans la quitter des yeux. Et aussi celui qu'elle