Auckland (Nouvelle-Zélande), correspondance particulière.
«Une compétition amicale entre nations», qu'ils disaient. Ce bout de phrase qui figure en en-tête du «Deed of Gift», le document fondateur de la Coupe de l'America, celui qui préside à tous les règlements techniques de cette compétition vieille de cent quarante-huit ans, est en train d'être bafoué. C'est loin d'être la première fois, et on se demande pourquoi les marins du monde entier continuent à se référer à cette phrase, aussi déplacée dans leur monde que pourrait l'être «l'essentiel est de participer» en en-tête du règlement d'un Grand Prix de Formule 1.
Ils auraient dû la remplacer depuis longtemps par: «La Coupe de l'America est une guerre totale entre des groupements privés qui ont choisi la voile pour s'entre-tuer.» Article suivant: «Si jamais vous avez l'occasion d'envoyer par le fond l'un de vos concurrents en difficulté, ne vous gênez pas.»
C'est à peu près la consigne suivie ces jours-ci par le calme et gentil John Cutler, skipper d'America True, lorsqu'il a fait savoir, lundi matin à Auckland (hier soir à Paris), qu'il ne courrait pas son match contre Sixième Sens pour cause de mauvais temps. C'est que ce brave homme ne veut pas abîmer son joli bateau si fragile. Il n'en a qu'un, et comme il est déjà qualifié pour les demi-finales, il l'économise. On en aurait pleuré.
Cadeau. La vraie raison de cette circonvolution se trouve ailleurs. En déclarant forfait contre le bateau français, America True lui sert les