L'univers du marin de A à Z
Dominique le Brun et Erwan Quéméré (Solar, 224 pp., 220 F) La marine à voile est ici tout enfermée dans un dictionnaire, ce qui fait que dès qu'on l'ouvre, le vent rentre dans la vareuse et la casquette s'envole. Voilà donc un livre qui sent le pétrole de lampe, le chien mouillé et le tabac à pipe en écume de mer. Dans leur préface, les auteurs préviennent modestement que ce livre est destiné aux plaisanciers débutants. En réalité, ce livre s'adresse à qui aime regarder la mer démontée derrière une baie vitrée, les pieds dans une cuvette d'eau salée.
Ce joli bouquin est tout plein de proverbes («Ciel pommelé, femme fardée, ne sont pas de longue durée»). A la lettre C, on tombe nez à nez avec Francisco Coloane (Tierra del Fuego), le maître chilien des vents du grand Sud. La littérature y a sa place, mais les auteurs ont préféré s'en tenir à la navigation à l'estime, aux courants, au sextant, au mal de mer et aux peintres de la marine.
Les dictionnaires ressemblent à des malles en osier. Celui-ci serait proche du coffre de Jean Bart et tiendrait du cartable de Merlin l'Enchanteur. On y trouve des histoires de banquises qui dérivent et des navires que l'on met dans des bouteilles molles, des fanons de baleine, des quatre-mâts barques, des cacatois, des pavillons que l'on hisse, de spis que l'on roule dans une chaussette. Et c'est en refermant ce livre que le lecteur s'apercevra que ses pieds sont palmés, que ses mains sont toutes recouvertes de cales et