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Libération
Portrait

Rémy, jusqu'au bout de sa route.Le voyage initiatique à vélo d'un Congolais à travers l'Afrique de l'Ouest.

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publié le 3 janvier 2000 à 22h10

Abidjan envoyé spécial

Il était une fois un jeune homme congolais du nom de Rémy Mayoukou N'Zaba qui était possédé par le démon de la bicyclette. Cela le prit brusquement il y a un peu plus de deux ans. C'était un jour où l'on se fusillait plus de coutume dans le pays. Il jugea alors qu'à force de mitraillage des façades des maisons de Brazzaville les peintres en bâtiment comme lui seraient tôt ou tard réduits à l'inactivité. Fort de cette idée, Rémy embrassa ses parents, ses frères et soeurs, ajusta sa casquette, tira un coup sec sur ses socquettes, vérifia une dernier fois le montant de son épargne, soit environ 750 francs français, et enfourcha son vélo de course pour s'en aller loin de la guerre civile.

Pirogue. Le vieux Mayoukou N'Zaba avait eu trois garçons, Rémy était de loin le plus doué pour le vélo. Quand il a dit à ses parents qu'il partait «pour ailleurs et surtout loin des bombardements», sa mère lui a répondu que tout ça ne fait pas une destination et l'a serré bien fort dans ses bras. Rémy roula d'abord sans but. Et c'est sans passeport et sans carte routière, avec juste sa licence congolaise de coureur cycliste qu'il atteint le Gabon après 750 km. Comme il le fera à chaque étape, Rémy demande que l'on lui indique où habituellement se rendent les lavandières du coin. Il quitte alors son tricot de cycliste et se met à frotter, avec la lessive qu'on lui tend cet unique maillot où se lit en grosses lettres: «Congo». Puis, une fois propre, se met à la recherche d'un