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Libération

Voile. Il s'attaque au record du tour du monde «à l'envers».Monnet, tête brûlée contre vents et marées.

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publié le 10 janvier 2000 à 22h03

Brest envoyé spécial

Collision en cabine: un poêle à mazout à l'ancienne voisine avec une table à cartes centrale très cockpit d'Airbus. Philippe Monnet, 40 ans, s'est lancé hier de Brest dans un tour du monde «à l'envers», et comme il n'a pas envie de se prendre trop abruptement les vents d'ouest dominants et les océans Pacifique et Indien dans le nez, il a choisi d'aller raser le continent antarctique. D'où l'indispensable veille aux instruments et le repérage des icebergs au radar, d'où le poêle pour réchauffer les engelures. D'où ce mélange des genres dans un habitacle décoré des graffitis d'un ami peintre, et dans lequel Monnet entame une réclusion volontaire de quatre-cinq mois. Prendre la planète à rebrousse-poil, et le tout sans escale, n'est pas une sinécure. Ils ne sont que quelques marins solitaires à y être parvenus. L'initiateur de cet acte très contre-nature est l'Anglais Chay Blyth, parachutiste de formation, rameur d'élection et marin d'opposition. Cela lui avait pris 233 jours en 1970. Le record est aujourd'hui détenu par un autre Anglais, Mike Golding, en un peu plus de 161 jours (1993). Mais autant ils sont nombreux à débouler dans le bon sens, avec vents portants et mers poussantes, autant ils restent rares à tenter l'un des derniers diables maritimes. Derrière Van Den Heede. Les Français ne s'intéressent que depuis peu à cette inversion des valeurs. Jean-Luc Van Den Heede a ouvert la voie. Le gaillard lorientais à l'abattage de bûcheron avait le gabarit