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Libération
Reportage

GRAND ANGLE. Du club phare de la Yougoslavie, il ne reste qu'une mauvaise nostalgie. Handball fantôme à Banja Luka. C'était le meilleur club de handball du monde, du temps de la Yougoslavie et des mariages mixtes. Aujourd'hui, Banja Luka est devenue la capitale des Serbes de Bosnie, les handballeurs ont fui et le club Borac n'est plus que l'ombre de lui-même. En allant à sa rencontre, «Libération» a ravivé une mémoire douloureuse.

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publié le 24 janvier 2000 à 21h44

Banja Luka, Zagreb envoyé spécial

Avant que la Yougoslavie ne perde l'estime de soi, il y avait à Banja Luka un club de handball qui faisait la fierté de la ville. De toute l'Europe on jalousait le Borac de Banja Luka parce que depuis sa création, en 1950, le club avait donné 34 internationaux au pays et huit champions olympiques (Munich et Los Angeles). Après une comptabilité rigoureuse, neuf entraîneurs issus de ce club sont en activité (Espagne, Allemagne, Belgique, France). Les Serbes, les Musulmans et les Croates tétaient la mamelle du club, et le club donnait du lait à chacun, sans distinction de Dieu.

Un jour, cependant, les nationalistes serbes firent sauter les seize mosquées de la ville et ils se dirent que, sur les deux églises catholiques, il y en avait une de trop. A partir de là, la ville commença à sentir mauvais comme une bête féroce et elle devint bête à son tour. La fuite de Slatko. C'est ainsi que la famille de Slatko Saracevic, aujourd'hui capitaine de l'équipe de Croatie, où se déroulent depuis cette semaine les championnats d'Europe (lire page 27), «n'a eu que quelques heures pour fuir la ville, car sinon les Serbes leur coupaient la tête», raconte-t-il. Le père de Slatko, Hamdija, fut joueur au club de Borac et international yougoslave, tout comme le fut plus tard son fils Slatko, champion du monde en 1986 sous le drapeau yougoslave, avant de se choisir «une autre patrie». La mère de Slatko est croate, et son père musulman. Pour lui, «Banja Luka, c'est