Menu
Libération

Plus seul que jamais. Le boxeur s'est progressivement coupé des siens.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 janvier 2000 à 21h37

Un vrai champion de boxe, et plus encore des poids lourds, titré ou

non, est le héros/héraut d'une communauté. Qu'il soit noir, juif, italo-américain, irlandais. On peut égrener à l'infini le chapelet des noms du gotha, Benny Leonard, Henri Armstrong, Stanley Ketchell, Jack Johnson, Joe Louis" aucun n'échappe à ce statut de porte-drapeau, tantôt haut-parleur d'un mal être partagé ou de revendications posées.

Ce samedi soir, Mike Tyson est seul face au monde, avec rien d'autre à défendre que lui-même, dans un dérisoire come-back de plus. De trop. La semaine dernière, il s'est fait «expulser» du quartier de Brixton à Londres par ceux auprès de qui il était venu chercher Dieu seul sait quoi. Brixton, ce «ghetto» qui avait réservé un accueil triomphal à Muhammad Ali, encore Cassius Clay mais déjà aux portes du championnat du monde, venu combattre (et battre) le champion local (et d'Europe) Henri Cooper, en 1963 et 1966.

L'évocation d'Ali n'est pas fortuite, puisque l'héritage du plus célèbre boxeur de l'Histoire était promis à Tyson. A qui, changement d'époque oblige, on ne demandait pas pour autant d'avoir la même rigueur politique et le comportement aussi impeccable. Aux antipodes d'Ali, Tyson n'a pourtant jamais su donner quoi que ce soit aux autres, se privant ainsi de recevoir. Satisfait de se rouler dans le luxe en savourant égoïstement sa revanche sociale, celui qui a collectionné les records puis les millions de dollars s'est coupé peu à peu avec une constance rare de toute