L'ironie est cruelle. C'est Christian, le flamboyant buteur
brésilien du PSG, qui l'a maniée, involontairement. «Tu a pris ma place, lance-t-il à son coéquipier Kaba Diawara. Toi, c'est la 7, moi la 8.» Il n'est question ici que d'emplacements sur le parking du Camp des Loges, le centre d'entraînement du club parisien. Mais sur la pelouse, il y a toujours quelqu'un pour prendre la place de Kaba Diawara. Quelqu'un de plus véloce, plus coté, plus fort. Eternel remplaçant, condamné aux bancs de touche par la concurrence, le jeune attaquant, acheté à l'OM pendant le mercato, a connu en deux ans quatre des plus prestigieux clubs européens. Sans jamais réussir à tenir la vedette. «J'ai 24 ans, je suis remplaçant depuis trois ans. On ne m'a jamais donné la chance d'être titulaire deux ou trois fois de suite. En fait, je n'ai jamais pu montrer ce que je savais faire.»
«J'avais tellement faim». A l'origine, c'était pourtant une belle histoire. Celle, assez commune dans le football, d'un gamin désargenté à qui le foot permet de briller. Les parents venus de Guinée et leurs huit enfants, l'enfance «au quartier», à Toulon, «les difficultés à joindre les deux bouts», l'apprentissage du ballon" Et surtout le départ, à 19 ans, pour le centre de formation de Bordeaux. Rolland Courbis, qui l'a repéré, lui fait signer son premier contrat professionnel aux Girondins. «J'ai rencontré les joueurs que je voyais à la télé, j'ai été sélectionné en équipe de France Espoirs, je passais sur TF1" Je me