Mali, envoyé spécial.
Il y a un mois aujourd'hui, le rallye Dakar 2000 traversait le Mali, laissant derrière lui des pistes un peu plus défoncées, et une fillette blessée. Kama Bouné traversait la rue de son village, Youri, quand le rallye est passé. L'accident engage la responsabilité des organisateurs, qui ont changé de parcours sans prévenir les autorités. Le village de l'enfant ne devait pas être traversé. Une négligence de plus, dans un pays où la population se détourne de cette course qui ne lui sert à rien.
Le rallye était arrivé la veille, en provenance du Sénégal. La nuit venait de tomber quand quelques habitants ont découvert un quartier futuriste, à l'écart de leur ville. Le Dakar faisait escale à Kayes, ancienne capitale coloniale du Mali, où plus rien ne fonctionne, à part la corruption. Les écoles sont saturées, le téléphone aussi. L'unique lycée attend l'électrification et dans le reste de la ville, les ventilateurs s'arrêtent quand la tension devient trop basse. Ici, il faut parfois payer pour décrocher un travail, rarement rémunéré au dessus de 30 000 CFA (300 F). Le Dakar avait planté sa caravane dans ce décor, le vendredi 7 janvier. Une Européenne raconte: «Je travaille ici et, d'habitude, je mets des heures à passer un coup de téléphone ou un e-mail. Ce soir-là, il y avait plein de mecs assis sous les arbres, qui téléphonaient à leurs nanas, sur des téléphones satellites. La ville était dans le noir, mais leur camp était éclairé avec des lampes tenues par d