Auckland, correspondance.
«C'est comme à la veille d'un examen: si on a bien travaillé, il n'y a plus qu'à se coucher et attendre le lendemain.» Ainsi Francesco De Angelis rassurait-il ses supporters à la veille du plus important rendez-vous de sa carrière. Ceux qui s'attendent à trouver à la barre de Luna Rossa un skipper à la mine burinée, à la voix tonitruante et au physique de loup de mer repasseront. L'homme de 39 ans, marié et père de deux enfants, n'a rien du cliché. Francesco De Angelis cultive plutôt une mine fragile, un caractère introverti, un physique tout en longueur, des paroles réfléchies et des manières polies. Dans cette épreuve, une gueule à la Paul Cayard, une aura à la Peter Blake ou une faconde à la Dennis Conner seraient de meilleure mise. Lui tartine sa peau pour éviter les morsures du soleil, porte toujours la même casquette, grimace lorsqu'il est concentré, ne crie jamais, préfère les longues séances de mise au point aux joutes médiatiques. Perfectionniste, il ne supporte pas que tout ce qui rentre dans la composition d'un voilier de course n'ait auparavant été étudié, testé et approuvé dans le moindres détails par ses soins.
Napolitain. Après une enfance passée à explorer les fonds sous-marins de la baie de Naples, ce fils aîné de pédiatre ne découvre la voile qu'à 16 ans. «Au début ce n'était qu'un jeu. La voile n'est pas très populaire en Italie. Jamais je n'aurais pensé en faire un jour mon métier.» Il embouque donc des études de génétique agricole