Raphaël Poirée respire le bonheur. Samedi, à Holmenkollen (Norvège),
il a remporté le titre mondial du 15 km départ en ligne (1). Le biathlète du Vercors a effacé de sa mémoire les moments les plus noirs de sa carrière. Nagano surtout, perdu à Nozawa Onsen, ce village olympique cauchemar situé trop loin des Jeux. Raphaël, donné grand favori, avait tout raté, pendant que près de lui sa future femme, la Norvégienne Liv Grete Skjelbreid, était couverte d'or. Des journées passées à empoisonner la vie de son amie, tant il était paralysé par la peur de tout rater. Puis arrive ce week-end magique où tout s'est débloqué. Le même jour, le couple a décroché le titre mondial (2) et mis ainsi fin à toutes les frustrations qui pouvaient l'habiter.
Deuxième patrie. Raphaël, double champion du monde junior en 1994, s'était pourtant forgé une réputation de fer. Depuis que les pionniers du biathlon français ont raccroché les skis, il a incarné le renouveau d'une équipe que Patrice Bailly-Salins et Hervé Flandin avaient portée à bout de bras. Poirée montre vite le bout de son nez, en endossant le dossard jaune de leader de la Coupe du monde. Une victoire en 1998, quatre l'an dernier, à 26 ans, sa mise en selle semble la bonne. Surtout depuis que sa rencontre avec Liv lui a ouvert les portes de l'entraînement de l'équipe de Norvège. Désormais, sa vie est divisée en deux, le Grand Nord devient sa deuxième patrie. «Quand je m'entraîne avec eux, j'ai l'impression d'être le plus mauvais, expliquait