Ostende, envoyé spécial.
Pendant vingt ans, Jean-Marie Dedecker a fabriqué avec ses grosses mains les meilleurs judokas de Belgique (1). Puis, un jour, cet Ostendais a craché dans ses paumes et s'est dit qu'avec sa popularité, il était temps pour lui de se lancer dans le combat politique, mais sans négliger la vive opposition communautaire qui existe dans le sport belge depuis vingt-deux ans (lire ci-contre). Et c'est ainsi qu'il est devenu sénateur, l'année dernière. Les sportifs wallons se sont méfiés de ce colosse qui souvent les regardait avec un ricanement ironique. Estimé par les athlètes néerlandophones qui disaient partout quel homme admirable c'était, Dedecker en rajoutait («mes enfants») et, sans rire, précisait que les judokas lui devaient énormément, «jusqu'à leur paire de chaussettes». C'est dire la puissance de celui qui ne réclame qu'un seul titre, celui de «président du syndicat de la sueur». Il passe donc pour un homme qui triomphe sans retenue sur les tatamis et qui, par son entregent, s'est fait une jolie place dans les affaires.
«Grande gueule». Car les activités de ce Flamand de 48 ans sont étonnantes, quand on songe qu'il s'agit d'un entraîneur olympique. Conduit par un gros appétit, Dedecker s'est lancé dans le négoce de poisson fumé et dans le conseil financier. Comme il y avait encore de la place dans l'estomac de l'ogre, il s'est donc mis en tête de faire de la politique, «et c'est là que les emmerdements ont commencé», explique-t-il aujourd'hui. Il