Ils vont finir par se croiser. Le marin Philippe Monnet et le rameur
Joseph Le Guen évoluent ces jours-ci dans les mêmes parages, aux alentours des 50 es rugissants, dans le sud-est de la Nouvelle-Zélande. Pierre Lasnier, leur routeur commun, ne prédit pourtant aucune rencontre océane. Les logiques de leurs embarcations (un monocoque de 18 mètres surpuissant pour Monnet, un canot de 9 mètres pour Le Guen) et leurs projets sont à l'opposé: Monnet, dans son tour du monde «à l'envers», lutte contre les vents dominants, Le Guen, dans sa traversée du Pacifique, se laisse porter vers le Horn. Monnet possède cinq jours d'avance sur le record de l'Anglais Mike Golding, mais il s'est repositionné sur une route moins frigorifiante, donc moins profitable. Le Guen, lui, a accompli le quart de son périple, et seuls ses pieds le font souffrir en raison d'une mauvaise circulation sanguine. Il attend des vents favorables pour descendre plus sud et mieux viser le Horn.
Puget-Sur-Argens, envoyé spécial.
Approche du point de rupture, la semaine dernière. Le navigateur Philippe Monnet se débat au milieu des glaces. Depuis cinq nuits, il ne ferme pas l'oeil, veillant dans la boucaille, craignant que son radar oublie de lui signaler le danger assassin. Pierre Lasnier, son routeur, sent l'exténuat ion qui guette, le mental en acier trempé qui risque la corrosion accélérée. Une violente tempête approche. Le bateau fatigue, le bonhomme est sur les rotules. Ils ne sont pas en état de se prendre de plei