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Libération

Patinage artistique. Les championnats du monde révèlent un manque de créativité. La chorégraphie à l'ère glaciaire

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publié le 1er avril 2000 à 0h20

Nice, envoyée spéciale.

Philippe Pélissier cache sous sa casquette ses trois petites heures de sommeil par nuit. «C'est Francis Ponge qui m'a réconcilié avec le patinage, lorsque, voyant des patineurs sur le lac gelé de Central Park, il s'est émerveillé: "C'est encore mieux que Merce Cunningham (un des chorégraphes américains qui a amené la danse contemporaine à son plus haut niveau, ndlr).» Entraîneur national à la Fédération française et féru d'art, Philippe Pélissier ne décolère pas tant il aime le patinage: «Nous sommes hors du temps par rapport à la modernité technique. On patine comme des peintres du dimanche font du néo-impressionnisme. Il faudrait pour ce milieu le courage de dépoussiérer. Rien ne se produit, nous sommes dans le non-événement.»

Des gestes parasites. On le comprend. Aux championnats du monde, on voit de tout, peut-être du meilleur techniquement, mais aussi du très médiocre artistiquement. Il apparaît assez clairement que pour beaucoup, l'art chorégraphique se résume à quelques gestes au hasard des plages libres laissées par la performance technique. L'artistique n'est souvent que l'habillage de la performance sportive, pour combler le vide qui fait peur, autrement dit pour cacher le manque de véritable propos esthétique. Il repose sur des critères au mieux classiques, au pire académiques ou rétro-modernes.

Les chorégraphes ­ ou supposés tels ­ et les patineurs, puisqu'ils estiment, comme l'a rappelé Gwendal Peizerat «être à 50% auteur de la chorégraphie