Punta Arenas (Chili), envoyé spécial.
Jo Le Guen pourrait entrer dans la légende de Francisco Coloane. Il ne déparerait pas dans l'oeuvre de ce mythique écrivain chilien, auteur de nombreuses nouvelles inspirées de l'histoire de la Patagonie et de la Terre de Feu. Son épopée ressemble à celle de ces marins en perdition dont Coloane relate les destinées tragiques. Victimes du cap Horn, beaucoup d'entre eux ont pu trouver refuge à Punta Arenas. C'est dans l'hôpital naval de ce port, à l'extrême sud du Chili, que se trouve Jo Le Guen depuis samedi. «Je suis vraiment allé jusqu'au maximum et je l'ai payé très cher, dit-il, assommé par la morphine. Je ne sais pas ce qui va se passer avec mes pieds maintenant. Mais c'est le prix de mon engagement et je l'assume. Car personne ne m'a obligé à me lancer là-dedans.»
60 jours de mer. Le Français, âgé de 53 ans, était parti le 3 février de Nouvelle-Zélande. Objectif: relier Wellington à Ushuaia (Argentine) à la rame. Pas pour la gloriole, pas pour l'exposition médiatique. Pas plus pour les sponsors, il n'en avait pas. Jo Le Guen avait choisi d'affronter 9 000 kilomètres de désert liquide, entre les 40es hurlants et les 50es rugissants, pour sensibiliser l'opinion à la sauvegarde de la planète. Une odyssée qui aurait dû lui prendre entre douze et quinze semaines. Son aventure s'est arrêtée le week-end dernier après une soixantaine de jours de mer et après avoir couvert un peu plus d'un tiers de son parcours. Il a été récupéré par l'un de