Le Cap, correspondance.
C'est un désastre national, un séisme: les sud-africains n'ont pas de mot assez forts cette semaine pour exprimer leur désarroi face à la déchéance d'Hansie Cronje. Mardi le capitaine de l'équipe nationale de cricket a avoué l'inavouable: avoir cédé à la tentation de la corruption. Il aurait ainsi reconnu avoir reçu de l'argent de bookmakers indiens en échange d'informations stratégiques lors d'une série de tests entre l'Afrique du Sud, le Zimbabwe et l'Angleterre. Les aveux de Cronje, dernier rebondissement d'une saga rocambolesque ont immédiatement pris la dimension d'une tragédie en Afrique du Sud.
Toute la semaine, les standards des principaux talk-shows ont été saturés d'appels d'auditeurs visiblement sonnés et depuis plusieurs jours l'affaire fait la Une de tous les journaux du pays, éclipsant toute autre actualité. «C'est surtout la communauté blanche qui est frappée dans son amour propre. Car le rugby et le cricket représentent les derniers bastions de sa fierté nationale» analysait mercredi le quotidien financier Business Day. Reste que si les blancs ont été les plus secoués, la popularité d'Hansie Cronje dépassait les clivages raciaux pour figurer au Panthéon des idoles nationales. Bien plus qu'un Dieu du Stade, un modèle. Chrétien fervent dans un pays très religieux, réputé pour ses qualités de leader dans une discipline où l'esprit d'équipe est cruciale, Cronje avait permis au cricket sud-africain de remporter plusieurs victoires décisives.