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Libération

Chronique du dopage. Le paradis artificiel.

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publié le 17 avril 2000 à 0h01

Médecin, sociologue, Patrick Laure est spécialiste des drogues de la

performance et conseil à la direction régionale de la jeunesse et des sports de Lorraine.

Des flacons d'érythropoïétine (EPO) viennent d'être saisis chez des sportifs amateurs. Utilisée pour accroître l'endurance physique et augmenter la charge d'entraînement, cette molécule est devenue, en dix ans, le must des dopants.

L'EPO est une hormone peptidique naturelle, formée de 166 acides aminés, fabriquée par les reins (90%) et le foie (10%). Sa production est stimulée par le manque d'oxygène, par exemple un séjour en altitude ou en chambre d'hypoxie. Deux moyens, non interdits, auxquels recourent certains sportifs. L'EPO joue un rôle capital dans la fabrication des globules rouges (ou hématies). Dans la moelle osseuse, lieu de production des cellules sanguines, elle agit sur les cellules mères et stimule leur transformation en érythroblastes, les précurseurs des globules rouges. Mais elle intervient aussi dans la synthèse de l'hémoglobine, un pigment fondamental qui fixe l'oxygène et le transporte dans tout l'organisme, véhiculé par les hématies.

En médecine, on utilise une forme d'EPO, produite à partir de cellules d'ovaires de hamsters chinois dans lesquelles on a injecté le gène humain correspondant. Ce médicament rend des services considérables, notamment aux insuffisants rénaux dialysés, aux patients atteints de certains cancers, etc.

On prétend que l'EPO a fait son entrée dans le monde sportif en 1988, lors