Lorient, envoyé spécial.
Ils sont partis pour un huis clos de trois semaines. Ils vont vivre en tête à tête sur un voilier de 9 mètres. La plupart feront duvet commun, histoire de faire la chasse au poids, même si jamais ils n'y dormiront ensemble. Les 42 équipages de la transat AG2R, entre Lorient et Saint-Barthélemy (Antilles françaises), se sont choisis pour le meilleur et pour le pire. Comment se sont constitués ces couples éphémères? Comment se sont agrégés ces duos qui, pour beaucoup, ne vivront que le temps d'une transat mais qui resteront marqués par cette façon de voir la mer avec double foyer, eux qui, généralement, sont condamnés à la vivre en solitaire. Endogamie. Les lois de proximité sont les plus fortes. En mer comme sur terre, on s'apparie généralement avec ses semblables. Il est flagrant de voir comment les duos pensent que la valeur attend le même nombre d'années. C'est vrai pour des jeunots comme Yann Eliés et Ronan Guérin, qui passent juste les 25 ans, comme pour des vieilles barbes comme Luc Poupon et Yves Pajot, au cap de la cinquantaine. Les uns comme les autres ont fait leurs classes ensemble, se sont croisés à la bouée au vent et au bar du port. Ils ont vécu les mêmes choses, ont connu les belles années de la voile sans souci pour les anciens et les difficultés des navigations plus rationnelles, plus gestionnaires, pour les débutants. Ils ont eu chacun leurs marins de référence, leurs expériences emblématiques. Ils se comprennent en un clin d'oeil.