Silverstone, envoyé spécial.
C'est un face-à-face effrayant et inégal. Un homme seul pour stopper l'élan d'un pur-sang de 600 kilos lancé à près de 80 km/h. S'il faut vingt-deux mécaniciens pour ravitailler en vol une Formule 1, le responsable du «lève-vite» endosse la double responsabilité de faire s'arrêter la monoplace au centimètre près et celui de donner le tempo de la manoeuvre. Au sein de Prost Grand Prix, c'est évidemment un homme d'expérience qui tient ce rôle. Daniel Magnier, 45 ans, a passé plus de la moitié de sa vie à travailler sur des voitures de course. Chaque dimanche de Grand Prix, il enfile une combinaison et une cagoule ignifugées, mais refuse de mettre un casque: «Je ne suis pas à l'aise avec ça sur la tête, et je perds un peu mes repères visuels et mes sensations.»
Cinq heures avant la course, répétition générale. Huit à douze ravitaillements à blanc, mais chronométrés, pour contrôler que tout est en place et surtout roder les automatismes. Debout face à la voiture qui avance sur lui, Daniel Magnier a une vue d'ensemble qui lui permet de comprendre en un instant si tout se passe comme prévu. Il tient fermement le «lève-vite» qui va lui permettre de soulever la voiture. Puis attend le contact du museau de la bête. «On le sent vraiment dans les bras. Mais je fais confiance aux pilotes. Maintenant, avec la vitesse limitée (80 km/h), c'est moins inquiétant qu'auparavant. En général, la voiture s'arrête pile au bon endroit, à cinq centimètres près. Mais il peu