Lorient, envoyé spécial.
Elles sont toutes deux au large du Portugal. Elles ont le cheveu salé, l'oeil battu, les reins endoloris. Elles sortent d'une semaine de tempête qui a giflée à tour de bras la flotte de la transat Lorient-Saint Barthélemy. Et en mer, impossible de se rebeller, de taper du talon pour remonter à la surface, il faut subir, courber l'échine, tendre l'autre joue. Attendre que le temps consente à lever l'écrou. Mais Florence Arthaud et Isabelle Autissier ne céderaient leur place pour rien au monde. Qu'importe la taille du bateau, la notoriété de l'épreuve, la performance escomptée, les deux femmes qui incarnent la voile en France reviennent se franger d'écume comme si c'était la seule parure qui leur allait, qui les laissait en paix. Comme si c'était la seule façon de faire la peau à ces choses qui vous rongent le squelette: les aléas de fortune, les échecs injustifiés, les amours mortes.
Au classement provisoire, Autissier est 8e, Arthaud est 13e. Et devant se révèle Karine Fauconnier, 28 ans. Elle finira peut-être par vamper la notoriété des deux quadragénaires qui ne lui souhaitent que ça, le plus sincèrement du monde. L'une et l'autre, l'éternelle fiancée des transats en multicoques et l'amie de coeur et de tête des tours du monde en monocoques sortent de quelques années bousculées et moroses, perturbées et grinçantes. Si leurs difficultés n'ont rien de similaire, leurs destins ont pris du vague à l'âme.
Florence Arthaud: au gré du vent Depuis presque dix