Karen Koenig a 31 ans. Elle en avait 16 en 1985, quand elle est
devenue championne d'Europe, pour la RDA, du 4 x 100 m et du 4 x 200 m nage libre. Elle en avait deux de moins quand elle a commencé à recevoir un «traitement de soutien», selon la terminologie est-allemande de l'époque.
«Cela commençait quatre à cinq semaines avant les compétitions importantes», a raconté hier Karen Koenig devant le tribunal de Berlin où s'est ouvert le procès de deux des plus hauts responsables sportifs de l'ex-RDA, accusés d'avoir ruiné la santé de dizaines de sportifs. Dans leur système, le dopage était pratiqué de façon systématique pour fabriquer des champions à la chaîne, petits soldats envoyés au front sportif de la guerre idéologique qui opposait sur les stades la RDA à l'Occident.
Manfred Ewald, 73 ans, ancien membre du comité central du Parti communiste est-allemand (SED), président de la Confédération des sports de RDA (DTSB) de 1963 à 1988 et du Comité olympique est-allemand, et Manfred Hoeppner, 66 ans, ex-directeur adjoint du service de médecine sportive (SMD) de la RDA, répondent du chef de «complicité de blessures corporelles» dans 142 cas, tous concernant des femmes, essentiellement des nageuses et des athlètes.
«Le mal est fait». Ewald et Hoeppner sont les deux plus hauts ex-responsables du sport est-allemand à comparaître devant la justice. Avant eux, des entraîneurs et des médecins ont déjà dû répondre du dopage généralisé dans l'ex-RDA. Ils ont en général été condamnés à des p