Bazacorte (Canaries), envoyé spécial.

Elle n'a l'air de rien, comme ça. Plutôt petite, toute menue, une cage thoracique modèle réduit, Audrey Mestre a le don de dérouter. Samedi matin, on l'aurait volontiers prise pour une vacancière décontractée, de longs cheveux châtain clair, la blague et le sourire facile. Une heure plus tard, pourtant, cette jolie Française de 25 ans s'apprête à plonger en apnée au large de l'île de La Palma, la plus occidentale de l'archipel canarien, sous l'oeil de 11 plongeurs de sécurité et d'une demi-douzaine de caméras subaquatiques. La pression alentour ne semble pas la gêner outre mesure. Sur le quai, un hélicoptère de la sécurité civile se met en branle à la verticale et laisse dérouler jusqu'au sol un câble de 122 mètres de long. Une façon de visualiser la distance abyssale qu'Audrey Mestre se propose de parcourir d'une seule respiration dans les profondeurs marines. Toute timide, la Française se fait presque prier pour poser, le câble en question à la main. Un peu plus tard, son catamaran positionné à 4 miles des côtes, les plongeurs de sécurité fin prêts pour la plongée, et le silence seulement troublé par le bruit des vagues, c'est une autre femme.

Assise sur une plate-forme de bois dans une combinaison jaune fluo, Audrey paraît happée dans une profonde méditation. Pendant de longues minutes, elle expire avec force. Avant de s'accrocher à la gueuse (poids) qui la mènera vers les fonds marins. Deux heures après, elle affiche la même décontrac