Berlin, de notre correspondante.
Sous les boiseries de la salle 501, au tribunal de grande instance de Berlin, c'est un bien triste épilogue de la glorieuse histoire du sport est-allemand qui se joue depuis début mai. A gauche du président, les deux grands maîtres de l'ancienne fabrique à médailles, Manfred Ewald, 73 ans, l'ex-président de la Confédération des sports de la RDA, et Manfred Höppner, 66 ans, l'ancien directeur adjoint du service de médecine sportive, n'ont plus de leur ancienne prestance que la posture raide et de vieux costumes gris. Accusés de «complicité de blessures corporelles» pour le dopage systématisé des sportifs de la RDA, ils opposent, la plupart du temps, un silence buté au tribunal. Face à eux, une dizaine d'anciennes sportives, représentantes des vingt athlètes qui se sont portées parties civiles, les toisent, pleines de rage contenue ou simplement de questions.
Faire taire la douleur. Dopées aux hormones pendant des années, la plupart souffrent encore des conséquences des traitements infligés: leurs voix sont restées rauques, certaines ont multiplié les fausses couches ou donné naissance à des handicapés. Parmi les plaignantes, Heidi Krieger, championne d'Europe du lancer de poids en 1986, est devenue Andreas Krieger: à force d'avaler des hormones mâles, elle s'est fait opérer pour changer de sexe.
«Je suis entrée à l'école sportive en 1970 (à 13 ans, ndlr) et j'ai commencé à recevoir des comprimés début 1973, témoigne ce vendredi Brigitte Michel,