Il y a sept ans, l'artiste centaure de Zingaro, Bartabas, posait un
pied discret dans le milieu des courses en achetant un pur-sang et en déclarant ses couleurs (casaque noire à épaulettes jaunes). Aujourd'hui, propriétaire de trente chevaux, il affole les tribunes d'Auteuil dont le Grand Steeple-Chase de Paris se courra dimanche. Avec vingt-trois obstacles à franchir (dont deux fois la rivière des tribunes et l'effrayant rail ditch and fence) et 5 800 m à parcourir, ce classique est un peu notre Grand National de Liverpool.
Le seul nom de Matinée Lover au départ de la course fait grincer bon nombre de dents. Il y a un an, ce splendide bai âgé de 6 ans se traînait à Lisieux. A cette époque, le directeur créateur du théâtre équestre Zingaro hante les travées d'Auteuil avec son entraîneur, Jean-Paul Gallorini, terreur de la profession. Bartabas, qui, adolescent, «sautait les pur-sang» à Maisons-Laffitte, veut agrandir son staff de coursiers, réaliser son rêve de gosse: remporter le Grand Steeple. Auteuil le fait vibrer, calme sa grande carcasse de loup excédé.
Il arpente, rouflaquettes au vent, le champ de courses, et sa casaque lui apporte une forme de sérénité. La dizaine de sauteurs qu'il a achetés bon marché (par principe) gagnent leur vie mais sont loin d'être des ténors. Il cherche le champion, avec l'aide de son entraîneur, réputé depuis vingt-cinq ans pour les dénicher là où on ne s'attend pas à trouver des foudres de guerre, dans les courses à réclamer (1).
Pas grand mon