Montréal, de notre correspondant.
Comment une «légende vivante» peut-elle mourir? Comment un sportif cloné dans le bronze, entré au «temple de la Renommée» (sic) il y a quarante ans, peut-il se soustraire à l'immortalité? C'est le défi à l'entendement auquel sont confrontés les Québécois et les amateurs de hockey sur glace, depuis le décès, samedi à 78 ans, de Maurice Richard; héros, symbole et monument de tout un sport. Voire de tout un peuple. Personne n'a, en effet, été autant honoré ni vénéré de son vivant, que ce joueur modeste et taciturne qui, du milieu des années 40 à la fin des années 50, a fait les beaux jours du club «le Canadien» de Montréal.
Depuis trente ans, une patinoire porte son nom. Depuis un an et demi, le trophée qui récompense le meilleur buteur de la Ligue nationale de hockey (NHL, le championnat nord-américain, qui est au hockey ce que la NBA est au basket) est associé à son patronyme. Depuis l'été dernier, un club de Montréal a endossé son surnom de «Rocket» (la Fusée). Et pour marquer ce dernier événement du chiffre de Maurice (son numéro était le 9 et celui de son groupie, Wayne Gretzky, le 99), les promoteurs ont même choisi d'introniser l'équipe le 9/9/99. Et c'est sans compter les hommages à répétition. L'ovation du 11 mars 1996, lors du dernier match du Canadien dans le Forum de Montréal sur le point d'être désaffecté, et où Maurice Richard joua durant 18 saisons. La sérénade de Céline Dion, quelques mois plus tard, sur le mode «chanson de Mar