Brest correspondance
Cent cinquante et un jours et dix-neuf heures de mer, le record du Britannique Mike Golding, qui date de 1993, est battu de dix jours quand Philippe Monnet coupe la ligne Ouessant-cap Lizard, à 11 h 50 vendredi matin. Et même course gagnée, à si peu de milles de la terre, la météo continue de lui en vouloir. Toute la journée, le ciel a été bas et gris jusqu'à quelques encablures de son accostage, à Brest.
Sourire aux lèvres. Trois heures après sa victoire sur le record du Britannique Mike, il pénètre dans la rade de Brest, précédé des bateaux pompes qui lancent des jets d'eau devant lui. Une flottille de vedettes et de voiliers l'accompagne. Philippe Monnet est encore seul, cheveux blonds et bouclés, le visage marqué et le sourire aux lèvres. Quelqu'un lui a donné des cigarettes, il retrouve le goût du tabac. Ici, à trois heures de l'arrivée au port, c'est encore la mer, mais c'est aussi déjà un peu la foule. Ses proches d'abord, avec lesquels il échange quelques phrases, des inconnus qu'il
salue et qui lui envoient des bravos.
A bord de son monocoque qui, de loin, paraît peu éprouvé, Philippe Monnet semble chercher une contenance face à ce public et cette terre qui se rapproche, il se tient aux haubans, répond au téléphone qui le harcèle. Au milieu de la rade, il affale ses voiles, l'avancée est lente pour aller vers ce même ponton d'où il est parti cinq mois plus tôt. Quelques centaines de personnes attendent son arrivée.
Il est 18 h 05, Uunet vient de touc