Chez les hommes de mer, il y a beaucoup de Corto Maltese romantiques et secrets ou de Lord Jim, en quête de rachat métaphysique. Philippe Monnet serait plutôt du côté des Tintin sans complications, des Bibi Fricotin toujours gaillards, et des Crocodile Dundee en ciré. Récit des épisodes de son tour du monde contre vents, courants et autres calamités.
Le mariage à l'eau
Une navigation de cette envergure commence toujours bien avant le départ. Ce fils d'un VRP savoyard, qui a passé sa jeunesse à Cannes, en a cherché le financement sept ans durant, faisant le copilote en rallye, à défaut de faire le capitaine en solitaire, et en profitant pour remplir sa malle aux trésors. On est à la veille de l'an 2000, et enfin Monnet tient le bon bout. Uunet, fournisseur d'accès sur le Net, lui donne les moyens de reprendre la mer. Il brique son monocoque de 18 mètres, bon vieux cheval de retour couturé de cicatrices (un séjour «sur la tranche» au large de Bonne-Espérance avec Poupon, un retournement complet en approche de la Bretagne avec de Broc).
Noël approche. Ses préparateurs viennent d'installer un poêle à l'ancienne qui jure avec sa table à cartes digne d'un cockpit d'Airbus. Et, avant d'aller gravir son Everest à lui, Monnet compte s'offrir un mariage à sa manière, sans maire, ni curé, ni nom gravé au bas d'un parchemin, mais avec bande de copains et fiesta d'importance. Sa future femme, restauratrice à Paris, s'occupe de tout dans sa propriété en Dordogne. Et là, avant même d'avoir la