Comme s'ils avaient voulu sauver un match poussif jusqu'alors. Comme s'ils s'étaient mis d'accord au hasard d'un changement de côté: «Si enfin on jouait bien ensemble au même moment.» Comme si un grand Brésilien caoutchouteux, deuxième joueur mondial, avait chambré son adversaire sur le thème: «Chiche que t'es pas cap de sauver dix balles de match.» Comme si un costaud suédois numéro un au classement ATP, qui ne passe pas pour un fantaisiste, lui avait répondu: «Tenu.» Alors, cette finale de Roland-Garros que Gustavo Kuerten et Magnus Norman avaient branchée sur un courant très alternatif depuis trois heures s'enflamma pour un final ébouriffant.
Machine. Sur les coups de 17 h 30, Gustavo Kuerten, dont la grand-mère a fait le voyage, s'offre une première balle de deuxième titre à Roland-Garros. Il a dominé, sans trop forcer, les deux premiers sets (6-2, 6-3); Norman, tendu en début de finale «Je ne sais pas pourquoi, je n'étais pas nerveux pourtant, mais je ne me sentais pas bien» , a refait surface dans la troisième (6-2). Redevenant cette machine à frapper des coups droits décroisés qui avaient déblayé son chemin vers la finale, en ne lâchant qu'un seul set, contre Safin. Il en tape un nouveau alors qu'il est mené 5-4, 40/15 sur son service. Faute ! annonce le juge de ligne. Bonne! déjuge l'arbitre, rattrapant presque par le col du polo un Kuerten qui se dirige déjà vers le filet pour serrer la main de Norman. «Pour moi, elle était dans le couloir», dira le Brésilien, pas