La Louvière, envoyé spécial.
Le quartier du Bois-du-Luc est le coeur du bassin houiller wallon. Même s'il bat au rythme de l'accent italien. En bordure du vieux canal qui traverse Haine-Saint-Pierre, le labyrinthe de ruelles où se dressent des petites maisons en briques fraîchement repeintes semble sortir d'une autre époque. Les murs affichent des couleurs vives, celles des immigrés italiens appelés après guerre à descendre dans les puits situés autour de La Louvière.
L'immigration ici représente près de 30 % de la population. On y vit comme dans un ghetto, comme pour se protéger d'un monde extérieur encore hostile. A l'intérieur, la communion est totale. Enzo Scifo, l'emblème du football belge, y a grandi, élevé en bon Sicilien. Alors, à quelques heures d'une rencontre déchirante pour les habitants, puisqu'elle oppose les Diables rouges et la Squadra Azzurra, le temps est comme suspendu. Aux fenêtres, drapeaux italiens et belges flottent ensemble paisiblement. Révélant des liens hors du temps et la simple identité des mineurs qui ont toujours refusé de quitter le lieu de leur premier abri, de leur premier emploi en Belgique.
Terre d'adoption. L'ascenseur du Bois-du-Luc, la dernière mine en activité, est pourtant fermé depuis 1970. Peu importe. «Les familles étaient venues, incitées par la politique d'échange d'après guerre. Pour chaque mineur qui venait travailler ici, 5 000 tonnes de charbon étaient cédées à l'Italie. Depuis, ils ne veulent pas quitter cet endroit», explique