Berlin de notre correspondante
Les verres à thé sont posés de côté, les jeux de dés aussi, la soixantaine d'hommes que contient ce soir le local du Türkiyemspor à Berlin ont tous les yeux braqués sur le téléviseur. Comme chaque fois que l'équipe nationale turque joue, elle peut compter sur le soutien et même souvent l'engagement personnel des quelque 2 millions de Turcs vivant en Allemagne. Parmi les hommes rassemblés ce soir au Türkiyemspor, les plus jeunes sont nés en Allemagne, les plus âgés y vivent depuis 20, 30 ou 40 ans. Leurs idoles pourtant ne s'appellent toujours pas Matthäus ou Bierhoff, mais Tayfun, Arif ou Ümit Karan, l'enfant du club, formé au Türkiyemspor avant de rejoindre l'équipe nationale turque. "Aux qualifications Ümit a joué trois minutes contre l'Allemagne!", s'exclame Hüscyin, 31 ans, les yeux brillants, comme s'il évoquait la consécration d'une vie.
Monde parallèle. Arrivés en Allemagne depuis les années 1960, dans l'idée d'y rester quelques années, les Turcs s'y sont installés durablement. Mais en matière de football, ils n'ont toujours qu'une patrie: la Turquie. Depuis les années 1970, dans toutes les grandes agglomérations, ils ont créé leur petit monde parallèle du foot. A Berlin, le nombre de clubs de foot turcs est estimé à pas moins d'une centaine, dont une trentaine jouent dans les ligues amateurs officielles. Généralement ouverts aux autres nationalités, ils accueillent souvent quelques joueurs allemands, yougoslaves, voire grecs, mais l'essen