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Libération

Trop rigide Allemagne

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par Daniel JEANDUPEUX
publié le 20 juin 2000 à 1h38

Le manager de Caen examine pour "Libération" l'évolution de l'équipe de France - et des autres - durant l'Euro.

En 1995, invité à Leipzig par la Fédération allemande de foot à un cours de recyclage de 1 200 entraîneurs de tous niveaux, j'avais pour tâche d'initier nos cousins germains au 4-4-2 avec défense à plat, jeu en zone et pressing. Mon exposé suivait celui de Berti Vogts, sélectionneur décrié après un Mondial américain en demi-teinte. Vogts, dans son analyse de l'échec, m'avait étonné. Il pensait que le manque de résultat provenait de l'abandon des vertus allemandes que sont l'abnégation, la discipline et la combativité. Je penchais plutôt pour un déficit de technique et de sens tactique. En 1996, l'Allemagne gagnait l'Euro avec ses armes, la force, la puissance et la solidité du mental. Berti avait donc raison. Cette victoire imposait le respect. Mais ne déclenchait aucune adhésion émotionnelle, ajouterai-je, vexé que les faits me donnent tort. Avant leur premier match de l'Euro contre la Roumanie, l'échauffement des Allemands m'a désarçonné. Mon oeil, habitué depuis trois ou quatre ans à voir surtout du football français, de deuxième division et de l'équipe de France, ressentait un décalage brutal entre la technique huilée des Blancs, Blacks, Beurs et celle, rigide, des coéquipiers de Matthäus. Le joueur allemand type de cet Euro est "grand, fort, volontaire; bon dans les duels; tire très bien au but". Ce portrait-robot cherche à exprimer aussi le sentiment de lourde