Belgrade envoyé spécial
Une galerie de commerces de luxe ceint le stade, le bureau du patron est majestueux : comme la plupart des clubs yougoslaves, le Partizan de Belgrade affiche un train de vie confortable. Son président, l'ancien gardien des Verts de Saint-Etienne, Ivan Curkovic, n'est pas peu fier de son système de climatisation : "Vous avez vu notre centre sportif, c'est le plus sophistiqué du pays, nous l'avons entièrement refait il y a trois ans. En pleine période de sanctions économiques ! C'est ça le paradoxe yougoslave : l'apocalypse nous a frappés injustement, et pourtant, tout marche..."
Ou presque. Car si la vitrine est rutilante, les coffres sont vides. En dix ans, le football yougoslave a fait faillite. En 1991, l'Etoile rouge de Belgrade remportait la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions contre l'OM. Avec dans ses rangs le Croate Prosinecki, le Monténégrin Savicevic, le Slovène Belodedic ou encore le Serbe Mihaijlovic. Au tour précédent, en demi-finale, la victoire contre le Bayern Munich leur avait octroyé une prime de 45 000 deutschemarks (plus de 150 000 F) chacun, quand un joueur allemand ne devait toucher que 40 000 DM en cas de succès. "Vous vous rendez compte, à l'époque, nous avions un club de dimension mondiale, de la taille du Bayern, de Barcelone ou du Real Madrid !", s'emporte Dusan Maravic, vice-président de la fédération.
Portes ouvertes. Quatre guerres et dix ans plus tard, changement de décor : la saison dernière, lors d'un match de