Istanbul correspondance

Lui, c'est tout simplement Hakan, comme s'il n'était pas nécessaire de souligner que son nom de famille signifie la "grâce". Son camarade de Galatasaray (sélectionné comme remplaçant), le défenseur Hakan Unsal, on l'appelle le "petit Hakan", naturellement. Avec son mètre quatre-vingt-onze, Hakan n'est pas seulement grand, il saute haut. Et il vole. Grâce à sa détente exceptionnelle, c'est en papillon qu'il survole la mêlée pour clouer au ras des pâquerettes les meilleurs gardiens. "Je n'ai pas toujours compris comment il a fait", se lamente encore Filip De Wilde, malheureux portier belge dont la main désespérément tendue n'arrivait qu'à 6 cm du front aérien du grand Turc. Lundi soir, Turquie-Belgique, 70e minute, Hakan est sacré roi d'Europe.

Plus rien à prouver. A 29 ans, avec sa frimousse d'éternel adolescent, il n'a plus rien à prouver dans son pays. Six fois champion de Turquie avec Galatasaray, à qui il a offert aussi trois coupes, il prend aujourd'hui son envol européen. Non sans avoir ramené la première coupe de l'UEFA au club istanbuliote, qui l'a façonné autant qu'il lui a ouvert les chemins de la gloire. Après une tentative avortée en 1995 - il passe quelques mois à peine au Torino en début de saison 1995-1996 -, le voilà à nouveau recruté par un grand club de la Botte: l'Inter de Milan. Un contrat en or (56 millions de francs), scellé alors que la Turquie effectue un parcours inédit dans l'Euro 2000. C'est à Hakan, deuxième buteur de la compé