Vitré envoyé spécial
La cinquième étape du Tour, entre Vannes et Vitré (202 km), s'est déroulée sous un ciel d'ardoise. La course a traversé le pays des sabotiers, du cidre bouché, des machines à coudre à pédales et de l'épargne agricole (Morbihan, Côtes-d'Armor et Ille-et-Vilaine). Pour arriver à quoi? A la victoire du sprinter allemand Marcel Wust (Festina), porteur du maillot à poids du meilleur grimpeur (Zabel, 2e; Zanini, 3e). C'est une incongruité cycliste qui ne doit rien à la boisson. On dira juste qu'on reste saisi par cette blague inespérée. Que pouvait dire de plus l'étonnant Marcel, sinon de le répéter dans toutes les sept langues (oui bien sept! sans compter le dialecte de Cologne) qu'il possède: "Ça fait douze ans que je suis professionnel et je n'en suis qu'à mon deuxième Tour de France! Je voudrais remercier mon équipe qui a été "à la planche" pour moi dans les derniers kilomètres. Le rêve continue, même si je perds le maillot à pois." Le professeur Georges Dumézil, qui ne faisait pas de vélo, aurait été séduit par ce cycliste si savant qui va finir par mettre les traducteurs du Tour au chômage. C'est navrant.
Vestibule. Juste avant ce prodigieux dénouement, les deux échappés Jens Voigt (Crédit Agricole) et Erik Dekker (Rabobank) se sont fait brûler à trois cents mètres de la ligne. Le peloton méphistique, lancé à toute vapeur, leur a passé dessus avec ses pieds fourchus. Les deux gars demandaient qu'on leur laisse la vie. Comme Voigt et Dekker étaient déjà dan