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Armstrong bien lune

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Etonnant de facilité, il laisse l'étape à Marco Pantani.
publié le 14 juillet 2000 à 2h16

D'habitude dans les contes, c'est le chat qui tue l'oiseau. Mais hier, au sommet du Ventoux, lors de la 12e étape, le chat a mis sa patte sur le moineau à trois mètres de la ligne. Puis au dernier moment, Lance Armstrong, déguisé en matou, a enlevé sa patte et c'est Marco Pantani (Mercatone Uno) avec sa figure toute déplumée qui a gagné. Le petit coeur de Pantani palpitait sous le genou d'Armstrong (US Postal). Finalement, l'Américain lui a laissé la vie sauve. Le maillot jaune a eu ensuite cette phrase qui plongerait n'importe qui dans le néant: «J'étais capable de partir, mais je lui ai laissé la victoire. Car c'est lui qui a attaqué. Et puis, dans l'esprit des gens c'est le meilleur grimpeur du monde...»

Grosses gouttes. Armstrong était comme l'ogre qui s'apprête à croquer Pantani sous sa dent, puis se ravise car dans le Pantani il n'y a pas grand-chose à manger. Quand l'Italien a pris la parole pour raconter la course («Quand je l'ai vu revenir sur moi, j'ai vu qu'il était dans une forme exceptionnelle»), on a entendu le bruit du sabre d'Armstrong qui glissait dans son fourreau. Pantani transpirait à grosses gouttes et il ressemblait à la lune de Georges Méliès qui a pris la fusée dans l'oeil.

En gros, la suite ne fut qu'un échange de courtoisies, mais tout le monde avait vu une des plus belles humiliations de l'histoire du vélo. Armstrong a ramassé hier tous les canons qu'il a pris à l'ennemi. Ensuite, il a poussé le tout vers Malaucène, dans un boucan de métal pour dire