Courchevel envoyée spéciale
Le suiveur du Tour de France serait bien avisé de glisser dans ses bagages un missel des paroissiens, entre T-shirts, crème solaire et imperméable. Certaines années, la crème s'avérera superflue, comme pour cette édition, d'autres l'imper. Mais le livre pieux est toujours utile. C'est avec une grande constance que les choses du vélo se racontent comme celles des églises. Là où le football et le rugby sont envahis de longue date par un langage militaire, la «conquête» du ballon étant une lutte, un combat, voire une véritable guerre, le Tour de France vibre au rythme de la croix et du goupillon.
Golgotha. Qu'un coureur revienne en forme après maladie, blessure voire suspension pour dopage et l'on parlera immanquablement de «rédemption». Qu'un Armstrong s'efface pour laisser la victoire à Pantani en haut du Ventoux et on salue la «bénédiction» du maître. Que l'effort se fasse douleur et c'est toute la passion du Christ que l'on déroule. Son Golgotha, son calvaire, ses chutes pour la troisième fois. Et puis souvent bien sûr, il y a aussi les miracles au sommet et les apparitions au détour des routes. Le vélo est le seul sport qui compte ses lieux de culte, fussent-ils de modestes chapelles comme Notre-Dame- des-Cyclistes, fondée par l'abbé Massié en terre d'Armagnac. Les maillots du monde entier y remplacent les icônes des saints patrons. L'Italie avait lancé la mode avec la Madona del Ghisallo en Lombardie où moult coureurs de la Péninsule ont fait un