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Libération

Chacun son air

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Sport, art ou exercice intellectuel, la voltige est vécue diversement par les membres de l'équipe de France
publié le 19 août 2000 à 3h32

Muret-Lherm envoyé spécial

Le visage ruisselle de sueur. Jeanne Marchesani, pilote de ligne et membre de l'équipe de France de voltige aérienne, est épuisée. Pendant près de sept minutes, elle vient d'enchaîner loopings, tonneaux, vrilles et autres descentes en piqué, aux commandes de son monoplace, un CAP 232, à près de 800 mètres d'altitude. Sept minutes de solitude totale dans le ciel de Muret-Lherm, à 20 km de Toulouse (Haute-Garonne), pendant lesquelles cette femme de 37 ans et 57 kg a dû supporter jusqu'à neuf accélérations (ou «G»), c'est-à-dire jusqu'à neuf fois son propre poids.

«Bataille». On l'attend chancelante à la descente de son appareil. Le pied est au contraire ferme quand il touche le sol. Détendue, elle éclate de rire avant de saluer au loin «un vieux pote». «C'était limite, sourit-elle. A un moment, j'ai eu le voile gris pendant quelques secondes.» Le «voile», l'ennemi des pilotes, cette peur noire qu'ils n'osent avouer: quelques secondes durant lesquelles ils perdent la vue sous le coup de trop fortes poussées. Conscients, mais aveugles à 400 km/h dans les airs. Le voile de Jeanne n'était que gris, elle pouvait donc voir devant elle, mais pas sur les côtés. Un handicap qui, de son propre aveu, l'a empêché de réaliser un programme «détonnant».

Comme les 39 autres pilotes en compétition pour les championnats du monde de voltige aérienne (lire ci-dessous), elle n'a eu que quelques heures pour apprendre par coeur le programme inconnu imposé par le jury. Un ench