Entraîneur du Racing Club de Strasbourg, Claude Le Roy revient sur les insultes racistes et antisémites qui entourent les mauvaises performances de l’équipe.
Lors de la saison précédente, vous aviez déjà dénoncé des problèmes de racisme autour du club. Vous aviez été violemment critiqué...
L'année dernière, j'en avais marre de recevoir des lettres racistes, des paquets avec des excréments... Quand j'ai dénoncé ça, en novembre, je n'ai pas été très adroit en parlant d'une minorité de nazillons. Mais on a voulu faire croire que je faisais des amalgames. Des gens, en interne au club, se sont fendus d'un communiqué pour me reprendre de volée. Ici, il faut faire attention à tout. Un mot qui s'échappe, la moindre maladresse génèrent une violence verbale terrible. On s'est dit : «Le Roy délire, il ne se passe rien ici.» Et les fauteurs de troubles se sont sentis complètement impunis. Les gens n'imaginent pas à quel point ça peut être sordide. L'autre jour, dans la rue, un mec m'a balancé : «T'aurais dû crever à Auschwitz...»
Comment vos joueurs ont-ils vécu les insultes dont ils ont été la cible ?
J'ai une équipe vaillante, qui prend des risques, mais d'un seul coup, elle était pétrifiée par la peur de mal faire. Les mecs qui se sont fait traiter de tous les noms perdent pied. Même le petit Ehret s'est fait insulter. Il a entendu : «Retourne à Mulhouse !» Il est bouleversé. Quand on assimile les joueurs à des singes en poussant de grands cris, il n'y a pas plus grand irrespect.
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