Thionville (Moselle)
envoyée spéciale
A quoi rêvent les pilotes de ligne, aux commandes de leur avion? «A voler, encore et toujours.» Six cents heures par an, Michel Leblanc, 50 ans, est pilote de Boeing 747 pour Air France. Le reste du temps, il est capitaine à bord de Jonquille ou de Capucine, ses deux montgolfières aux panses colorées. «La joie de décoller tout doucement, d'être là, au fil de l'air comme au fil de l'eau, c'est quelque chose auquel il faut goûter.» A l'âge adolescent où l'on découvre les plaisirs terrestres, Michel, lui, a la tête dans les nuages. «Je m'intéressais à tout ce qui passait au-dessus de moi, avions, planeurs, ULM, montgolfières.» Il ose alors «à peine espérer» devenir pilote, y parvient à sa grande surprise et décolle. A 8 000 m au-dessus du sol, il «s'éclate», mais découvre qu'une chose le sépare encore du flottement tant espéré, de l'impression grisante de liberté, de l'air pur et de ses nuages: les «vitres».
Quatre cibles. Le ballon, «doux, rond», n'a pas ces barrières. Un ami l'emmène au-dessus des clochers, et Michel tombe «accro». «On a en montgolfière une impression très aérienne qui n'existe pas en avion. On ne sent pas le vent, on est avec le vent.» Par chance, sa femme, Marie-Jo, accroche aussi et embarque avec leur fils Bastien dans la nacelle. «Là-haut, on voit le monde d'une autre façon», commence-t-elle. «On prend de la hauteur, mais on reste à dimension humaine», poursuit son mari. «On discute avec les gens dans les jardins, ils no