Les Alpes se jettent dans la mer sur la Riviera et naissent quelque part entre Autriche et Slovénie. Pour son grand voyage, Patrick Bérhault a choisi de partir de la source : la face nord du Triglav en Slovénie, une paroi de calcaire haute de 1 000 à 1 500 mètres, deux fois plus large, et culminant à 2 864 mètres d'altitude. Il doit y entamer dimanche une longue traversée de l'arc alpin, 1 200 kilomètres à pied, à skis et en grimpant, qui le conduiront, à l'approche du printemps, à Nice où il a grandi et connu Patrick Edlinger sur les falaises qui dominent la Méditerranée. Ce périple célèbre aussi leurs retrouvailles puisque Bérhault a choisi d'y reformer avec Edlinger, l'ami d'adolescence, parti sur d'autres chemins, une cordée mémorable.
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C'est une histoire de la fin des années 70. Deux amis en rupture de banc de lycée, deux passionnés de grimpe toujours sur les chemins pourvu qu'ils mènent au pied d'une falaise, un peu bohèmes, un peu babas, bandeaux et cheveux longs, et une même idée décoiffante de la grimpe. L'escalade libre balbutie, nature, eau fraîche, foin d'artifices, ces deux-là vont la faire exploser. Toutes les parois sont tombées sous les conquêtes de l'escalade artificielle, pitons, étriers... La technologie est conquérante. Envahissante ? Place au naturel, à l'hédonisme, au pur plaisir de grimper. La main, le rocher, la beauté du geste. Ces deux-là se font l'écho d'un art de vivre : après les moeurs, on libère les voies. Les pitons, l'artifice, ne servent