Les Australiens sont les meilleurs. Et ils l'écrivent sur les murs du métro devenus les pages d'une encyclopédie sportive qui, au fil des stations, récite la gloire des enfants du pays. Des affiches immenses pour un cours de rattrapage de dernière minute. Il n'en faut qu'une seule pour nager 200 mètres. Et puis une poignée de secondes qui fait la différence. Vous comptez les centièmes et... trébuchez sur une marche qui égrène d'autres chiffres. Leur fierté, les Australiens l'ont inscrite jusque sur les escaliers qui déclinent les records et les sponsors de leurs champions.
La célébration entamée en sous-sol se poursuit en plein ciel où les immeubles ont déroulé les photos des héros. Leurs yeux étirés sur des rangées de fenêtres, leurs cuisses déployées sur plusieurs étages et leurs pieds qui jamais ne touchent le sol puisque les dieux du stade ne peuvent que voler. Hé ! crie Sydney. Regardez nos athlètes, ils sont les plus forts, ils sont les plus beaux ! Sous le poids de leurs origines, les Australiens blancs auraient pu baisser les épaules, courber la tête. Descendants de bagnards voleurs de pain ou de grand chemin , jetés à la mer pour soulager les geôles londoniennes. Descendants de putes, d'orphelines et d'aventurières. Descendants d'immigrés... Aujourd'hui encore, les Anglais, anciens maîtres de la colonie, regardent avec condescendance ces lointains cousins. Et les Asiatiques, proches voisins, ne voient dans ce continent qu'un vaste zoo peuplé de koalas poilus et de